Dix petits nègres pour un huis clos renversant !
dix petits nègres | agatha christie
31 mars 2022

Titre | Dix petits nègres
Auteur | Agatha Christie
Date de parution | 1939
Nombre de pages | 317
J’ai été transportée :
🤍 Un peu
🤍 Beaucoup
🤍 Passionnément
🖤 À la folie
Le roman de la surprise. Celle d'être leurré de bout en bout par son auteure, et d'adorer ça. Celle de dévorer goulûment un livre qu'on redoute pourtant de terminer. Et celle de vouloir le relire, pour tout recommencer...
Portrait express de l'auteure
La fameuse « reine du crime ». Agatha Christie fait partie des écrivains les plus connus au monde. C’est même la plus lue de l’histoire chez les anglo-saxons, après William Shakespeare. Dans sa vie, elle aura publié 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre. La mère d’Hercule Poirot et de Miss Marple écrit en 1934 son célèbre Crime de l’Orient Express, qui la hisse déjà au rang des plus grands. Mais pour ce nouveau roman, pas de détective à l’intelligence suprême. La romancière a pour ambition de raconter le meurtre parfait. Pari réussi (haut la main) pour Agatha Christie qui fait naître, avec les Dix petits nègres, la plus culte de ses intrigues.

Résumé du trajet
Dix personnes sont invitées sur l’île du Nègre par un certain Owen. Ils ne se connaissent pas, n’ont aucun point commun et ne savent pas pourquoi ils sont là, d’autant que leur hôte est mystérieusement absent. Alors que tout le monde est attablé pour dîner, une voix sortie de nulle part accuse chacun des convives d’avoir commis un meurtre, tout en étant parvenu à échapper à la justice. À partir de cet instant, ils sont tous tués les uns après les autres au rythme d’une comptine lancinante, telle une ronde mortelle : « Dix petits nègres s’en allèrent dîner. L’un d’eux s’étrangla et il n’en resta plus que Neuf… »
Pourquoi se laisser embarquer
« Dix personnages devaient mourir l’un après l’autre sans que cela paraisse le moins du monde ridicule ni que l’identité du suspect soit trop évidente », confie Agatha Christie dans son Autobiographie rééditée en 2002. Comme les invités, le lecteur sera impuissant face aux meurtres et prisonnier de l’île jusqu’à la fin. À propos, voici un petit mot à l’attention des lecteurs qui apprécient lire les dernières lignes d’un roman avant de le commencer : sachez que le nom de l’assassin est le dernier mot du roman… À bon entendeur !

Un problème insoluble. C’est la clé du plan délicieux mis en place par la romancière. Et c’est justement le ressort le plus efficace de cette œuvre, qui tient en grande partie à son pendant psychologique des plus maîtrisés. Car si le lecteur s’échine à vouloir démasquer le tueur en étant souvent persuadé d’en tenir le nom, c’est sans compter le talent d’écriture d’Agatha Christie qui tire les ficelles de son énigme au fil des pages. Fausses pistes, trompe-l’œil et illusions : voici ce qu’elle inflige à son lecteur, qui s’en délecte pourtant autant qu’elle.
Le lecteur n’aura en effet jamais l’occasion de résoudre cette énigme, sans pour autant que le récit ne l’empêche de le faire, ce qui fait des Dix petits nègres une œuvre des plus réussies. L’écriture au cordeau de cette énigme diabolique et de sa résolution inattendue foudroient littéralement le lecteur, qui restera bouche bée. On parie ? Elle l’affirme elle-même, Agatha Christie signe ici son œuvre « la mieux imaginée techniquement » et sans (aucun) doute, un des tours de forces les plus marquants du genre. À lire absolument, et relire à loisir !
Passage choisi
Le dîner touchait à sa fin.
La chair avait été excellente, les vins parfaits. Rogers s’acquittait admirablement de son service.
Tous les convives étaient de bonne humeur et les langues commençaient à se délier.
Mr. le juge Wargrave, attendri par le délicieux porto, devenait spirituel et pétillant d’ironie ; le docteur Armstrong et Tony Marston l’écoutaient avec plaisir, Miss Brent bavardait avec le général Macarthur ; ils s’étaient découvert des amis communs. Véra Claythorne posait à Mr.Davis des questions très pertinentes sur l’Afrique du Sud. Mr. Davis connaissait ce sujet à fond. Lombard suivait leur conversation. Une ou deux fois, il leva brusquement les yeux et ses paupières se rétrécirent. De temps à autre, il promenait discrètement son regard autour de la table et étudiait les autres convives.
Soudain, Anthony Marston s’exclama :
— C’est drôle, ces petites statuettes, hein ?
Au centre de la table ronde, sur un plateau de verre, étaient placées de petites figurines en porcelaine.
— Des nègres, dit Tony. L’ìle du Nègre. Voilà d’où vient l’idée, je suppose.
Véra se pencha en avant.
— En effet, c’est amusant. Combien sont-ils ? Dix ?
— Oui…il y en a dix.