Un voyage universel
au cœur des passions humaines
le rouge et le noir | stendhal
7 avril 2022

Titre | Le rouge et le noir
Auteur | Stendhal
Date de parution | 1830
Nombre de pages | 864
J’ai été transportée :
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🤍 Passionnément
🖤 À la folie
Le roman d'amour psychologique par excellence, aussi complexe qu'inspirant. Le parcours initiatique d'un anti-héros, d'un pays, d'une époque. Un monument de la littérature.
Portrait express de l'auteur
Marie-Henri Beyle, dit Stendhal, est un écrivain français né le 23 janvier 1783. Après avoir servi dans l’armée, il écrit quelques essais consacrés à la peinture, la musique ou la littérature. Saviez-vous que Le Rouge et le Noir était issu d’un fait divers ? Celle d’Antoine Berthet, 25 ans, ancien séminariste devenu précepteur, jugé pour meurtre et condamné. Il n’en faut pas plus à Stendhal pour créer ainsi son personnage de Julien, en 1830. Émile Zola écrira au sujet du roman : « Personne n’a possédé à un pareil degré la mécanique de l’âme. » Découvrez ou redécouvrez l’histoire universelle de Julien Sorel et Mme de Rênal, qui partagent sans doute l’affiche des couples littéraires les plus emblématiques, avec Roméo & Juliette et Tristan & Yseult.

Résumé du trajet
Fils de charpentier, Julien Sorel est trop sensible et trop ambitieux pour suivre la carrière familiale dans la scierie d’une petite ville de province. En secret, il rêve d’une ascension similaire à celle de Napoléon Bonaparte. Julien trouve une place de précepteur dans la maison du maire, Monsieur de Rénal, et noue une relation interdite avec son épouse. Jusqu’au bout, Julien Sorel verra ses ambitions contrecarrées par ses sentiments, qui les conduiront à sa perte…
Pourquoi se laisser embarquer
Le Rouge et le Noir, un roman aux couleurs symboliques. Deux couleurs représentatives du sang et de la mort, mais aussi de l’armée et du clergé, deux carrières que Julien Sorel souhaite embrasser malgré sa petite condition de fils de charpentier. Stendhal crée un personnage pressé, doté d’une trop grande ambition. Il s’agit donc d’un grand roman d’initiation, dans lequel le lecteur progresse au rythme de Julien, au gré de son histoire et des rencontres qui le construisent peu à peu. Hanté par la peur de n’être rien, ce franc-comtois destiné aux bas étages du clergé provincial, va rapidement tenter de s’immiscer dans le Grand Monde, à grand coups d’audace et d’ambition.

Le roman de la passion et de l’orgueil. Dans Le Rouge et le Noir, Stendhal initie le dialogue intérieur, restituant avec exactitude la pensée d’un héros égocentrique et arriviste. De ce monde qui lui est inconnu, il devra apprendre tant les règles que les dérèglements, les joies que les frustrations et tâcher, si possible, de ne pas se perdre lui-même. Dans les méandres de cette hiérarchie sociale, il usera des seules armes dont il dispose : son esprit, son charme et sa beauté. L’amour est pour lui un levier pour combler son égo et surtout, exister. Utilisant la séduction pour grimper dans l’échelle sociale, Julien se perd dans les stratégies les plus cyniques avant d’être pris à son propre piège. Lorsqu’il tombe amoureux, son égoïsme et son arrivisme sont quelque peu adoucis : il obtient alors la sympathie du lecteur.
Stendhal utilise un style direct, soignant la psychologie et les hésitations dans les choix de ses personnages. Julien Sorel, c’est un peu Lucien Chardon d’Illusions perdues, ou Eugène de Rastignac du Père Goriot. Il a ce petit quelque chose de détestable et d’admirable à la fois qui lui confère une personnalité atypique et qui en fait un personnage incontournable de la littérature française. Un immense roman à lire au moins une fois, et à redécouvrir à loisir.
Passage choisi
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l’oreille : – Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu’il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d’une jeune fille ; elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Pour aller plus loin
Quand Pierre Lacotte fait danser Le rouge et le noir. 278 danseurs, 400 costumes, 35 toiles : à 89 ans, le chorégraphe adapte le roman en un somptueux ballet en trois actes, donné par l’Opéra de Paris au Palais Garnier. Pour ce passionné de l’époque romantique qui a ressuscité La Sylphide et remonté Coppélia ou Paquita, le roman de Stendhal était une évidence. Décors, costumes, musique, chorégraphie : il dévoile les coulisses de cette création hors norme née en octobre 2021.