Le voyage hilarant de deux papis en fin de vie
moins 2 | samuel benchetrit
11 avril 2022

Titre | Moins 2
Auteur | Samuel Benchetrit
Date de parution | 2007
Nombre de pages | 75
J’ai été transportée :
🤍 Un peu
🤍 Beaucoup
🤍 Passionnément
🖤 À la folie
La fugue rocambolesque de deux petits vieux condamnés par la maladie, devant l'urgence de vivre une dernière aventure. Une pièce tout en finesse qui fait rire aux éclats, qui touche, qui prend aux trippes. À lire absolument !
Portrait express de l'auteur
Né le 26 juin 1973, Samuel Benchetrit est un artiste complet. Il est scénariste, réalisateur, metteur en scène, écrivain, mais aussi acteur et peintre. Issu d’une famille modeste, il entre dans la vie professionnelle à l’âge de 15 ans et multiplie alors les petits boulots, dont quelques-uns dans le monde du cinéma. En 2000, Samuel Benchetrit écrit à son premier roman, Récit d’un branleur. Mais ce n’est pas tout, puisque Samuel Benchetrit adore le théâtre. Après avoir écrit Comédie sur un quai de gare en 2001 (la pièce sera adaptée par Bruno Buffoli 10 ans après), il couche sur le papier un scénario déjanté aux allures de fable moderne, Moins 2. Une immense pépite…

Résumé du trajet
Deux hommes, en phase terminale d’une maladie incurable, se réveillent dans une salle de réanimation. Ils ne se connaissent que depuis quelques instants, mais ils ont cette idée folle de fuguer de l’hôpital pour entreprendre une promenade des plus insolites, ponctuée de péripéties toujours plus surprenantes.
Pourquoi se laisser embarquer
Un conte poétique et philosophique. Samuel Benchetrit nous offre un texte drôle, plein de finesse. Si les deux personnages principaux sont condamnés, leur vision est pleine d’humour et de légèreté. On s’attache très vite à ces deux papis sarcastiques que rien, hormis la maladie, ne prédestinait à une rencontre. L’amour, la vie, la mort : la pièce aborde ces sujets avec puissance et émotion. Paul et Jules rattrapent-ils leur vie ou fuient-ils leur mort ? De cette pièce, se dégagent des effluves de fraîcheur et de modernité.
Par le biais d’un scénario déjanté, Samuel Benchetrit nous confronte aux archétypes de ses personnages, pour inviter au rire et à la réflexion. Cette épopée décalée n’est pas sans rappeler les péripéties d’Allan Karlsson, le célèbre Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, roman suédois de Jonas Jonasson. Et comme le livre de Jonasson, Moins Deux séduit par ce subtil mélange : gravité du propos et légèreté de ses protagonistes. Entre rires aux éclats et larmes aux yeux, Moins 2 propose un équilibre de lecture parfait.
Les personnages galvanisés défient le compte à rebours en osant prendre des risques. Au cours de leur dernier voyage, ils découvrent le partage et la camaraderie, avec simplicité. Laquelle est retranscrite par l’auteur, qui utilise un style simple, des mots courants, une langue populaire qui respire la vie, pour mieux raconter la mort. Samuel Benchetrit confère à ces deux-là une urgence de vivre le temps qu’il leur reste. Une fable aux frontières de l’absurde : délicieuse, touchante et surtout… (vraiment très) drôle, comme peu de livres le sont.
Passage choisi
Le médecin : Bon, eh bien… bonne nuit, messieurs… Je passerai vous voir demain…
Le médecin s’en va.
Jules : Quel petit con, celui-là.
Paul : Grand con, ouais, j’ai jamais pu le saquer… Toujours à la ramener avec ses métastases… On dirait qu’il a que ça à la bouche : métastases.
Jules : C’est joli comme mot, métastases.
Paul : Oui, c’est vrai, on dirait une ville au bord de la mer… Tu pars où cet été pour les vacances ? Je pars à Métastases, et toi ?
Jules : Moi, je pars à Ganglions, un petit village perdu à la montagne, c’est très frais.
Paul : Oui, c’est bien Ganglions… Ça fait penser aux cloches des vaches… (Un temps assez long, les deux rêvassent.) Vous aimeriez pas les revoir ?
Jules : De quoi ?
Paul : Les cloches des vaches ?
Jules : Ben… si… Enfin, c’est-à-dire… moi, j’ai habité toute ma vie à Noisy-le-Grand, où la cloche se fait assez rare… Mais bon, moi je veux bien en voir… si l’occasion se présente.
Paul : Je vous parle pas des cloches en particulier.
Jules : Ah bon ?
Paul : J’ai dit « cloche » comme ça, comme une invitation à imaginer autre chose, vous comprenez ?
Jules : Ah d’accord.
Paul : J’ai dit « cloche » comme un prétexte à foutre le camp d’ici.
Pour aller plus loin
En 2015, Samuel Benchetrit adapte sa pièce au théâtre, et choisit pour le rôle de ses deux papis : Guy Bedos et Philippe Magnan. Bien construite et incarnée à merveille, la mise en scène portée au théâtre Hébertot est minimaliste et moderne. Si vous l’avez ratée, voici un petit échantillon de cette pièce, jubilatoire et touchante. Une franche réussite.