À la croisée de la dérision et de la tendresse...

reviens | samuel benchetrit

6 avril 2022

Le Wagon Livres Reviens Samuel Benchetrit livre

Titre | Reviens
Auteur | Samuel Benchetrit
Date de parution | 2018
Nombre de pages | 252

J’ai été transportée :
🤍 Un peu
🤍 Beaucoup
🖤 Passionnément
🤍 À la folie

Samuel Benchetrit suit avec sarcasme le quotidien d'un écrivain en panne d'inspiration depuis le départ de son fils à l'étranger. Une petite perle à la fois hilarante, légère et touchante !

Portrait express de l'auteur

Né le 26 juin 1973, Samuel Benchetrit est un artiste complet. Il est scénariste, réalisateur, metteur en scène, écrivain, mais aussi acteur et peintre. Issu d’une famille modeste, il entre dans la vie professionnelle à l’âge de 15 ans et multiplie alors les petits boulots, dont quelques-uns dans le monde du cinéma. En 2000, Samuel Benchetrit écrit à son premier roman, Récit d’un branleur. Il publie également Le cœur en dehors (prix Eugène Dabit du roman populiste 2009), La Nuit avec ma femme, ainsi que trois volumes de Chroniques de l’asphalte et Chien, dont il réalise les adaptations au cinéma. Son idée de Reviens, l’auteur l’avait à l’origine déclinée sous forme de petites pensées intimes, qui n’avaient alors pas d’autre vocation. Il décide pourtant d’en faire un roman, pour notre plus grand plaisir !

Le Wagon Livres Moins 2 Samuel Benchetrit

Résumé du trajet

Son fils est parti, son ex-femme le harcèle, son éditeur le presse, des mariées de téléréalité le fascinent, Pline l’Ancien le hante, un canard le séduit, une infirmière bègue le bouleverse… Bienvenue dans le monde tendre et poétique d’un écrivain en quête d’inspiration et d’amour. Un feu d’artifice tout à tour grave, hilarant et émouvant.

Pourquoi se laisser embarquer

Un livre frais, drôle et léger, qui n’est pas sans rappeler La délicatesse, de David Foenkinos. Léger… mais plus profond qu’il n’y paraît. Reviens est l’histoire d’une renaissance douce entre un père et son fils, entre un homme et l’amour, entre un écrivain et son envie de raconter des histoires. La solitude et l’inertie de cet homme à la dérive contrastent avec la vie que mène son fils, parti voyager à la rencontre du monde. Cet écrivain raté aux allures de looser magnifique, est une sorte de voyageur immobile en quête d’amour et d’inspiration.

Inspiration dont ne manque pas la plume de Samuel Benchetrit. Le thème de l’absence est abordé avec beaucoup de décalage, d’élégance et de poésie. Dans ce récit, il y a aussi le portrait de notre époque, qui nous plonge de plein fouet dans les contradictions de notre société, où tout va trop vite et où les sentiments sont bien souvent laissés de côté. Il y a dans ce roman un ton, une mélancolie… mais surtout beaucoup d’humour. Les phrases courtes, rythmées par les pensées d’un narrateur qui ne s’empêche rien, font rire par une forme d’absurdité. Un roman hors du commun, qui réchauffe le cœur sans jamais tomber dans la niaiserie d’aucun cliché. À ouvrir sans hésiter !

Passage choisi

J’aimais me recoucher le matin. C’était une sorte de luxe. Certains ont des yachts. Des comptes en banque remplis à ras bord. Des collections de montres. De la culture. Des sculptures. Des muscles. Personnellement, je me recouchais le matin, vingt à trente minutes après m’être levé. Je vivais dans un monde où le plaisir et le bonheur n’étaient pas associés. Ma vie était pleine de plaisirs qui ne formaient jamais un bonheur complet. J’avais pu constater chez d’autres un bonheur complet qui leur offrait une multitude de plaisirs. Heureusement, la mutation génétique de mes quarante-trois premières années m’avait offert un deuxième luxe : je ne me plaignais pas. Je me contentais simplement de noter des promesses sur mes cahiers. On pouvait lire, à plusieurs reprises : 
« Ne plus se recoucher le matin. »
« Ne pas se plaindre. »
« Noter ses rêves pour en faire des livres plutôt que de rêver d’en faire. »
Les rêves du matin n’étaient pas les mêmes que ceux de la nuit. Ils n’offraient pas vraiment de sujets de livres. Ou des livres ennuyeux et prétentieux comme il en paraissait chaque semaine. Je pensais donc que les auteurs de ce type d’ouvrages étaient des recoucheurs du matin. Ces rêves s’élevaient à quelques centimètres de la réalité. Anticipant généralement le moment qui viendrait lorsque je me réveillerais. Par exemple : je rêvais que je retrouvais le cahier ouvert devant la machine à café. Comme c’était un rêve, le cahier pouvait être vert au lieu de bleu, la machine à café devenir celle orange de chez mes parents. Ma mère pouvait d’ailleurs être là aussi. En peignoir de coton jaune canari. Frappant un iguane qui sortait sa tête de l’évier pour nous becter? L’iguane était mon père. Et l’ensemble, une scène classique de mon enfance où chacun se réveillait sans profonde envie d’affronter la journée qui commençait.

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Petit détour

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